Je me suis endormie hier soir avec une image. L’image d’une toute petite graine, qui, telle une idée, prenait racine et germait dans une terre aride. Une plante sortait de la terre, et croissait jour après jour sans que personne n’y prenne garde. Et puis un jour, au printemps, un tout petit bouton apparut au bout d’une tige. C’était le plus petit, mais aussi le plus joli bouton qu’une telle plante ait jamais donné. Tellement fragile que jusqu’à ce qu’il devienne une belle fleur, il n’y aurait que les gens qui regardent qui pourraient le voir, l’observer sans lui faire de mal. Et ce petit bouton, cette future fleur, cette idée, elle s’appelait “je suis heureuse de vivre”.
jeudi 5 juin 2014
vendredi 17 janvier 2014
Colères
Je suis énervée. Très énervée. Je voudrais pouvoir sortir de mon corps et me flanquer à moi-même la rouste de ma vie. Je voudrais pouvoir me foutre un coup de poing dans la gueule et me dire : "Bon, c'est pas un peu fini, là ? Tu vas arrêter de faire de la merde et tu vas te le bouger, ton cul de mollusque décérébré !".
Parce que, ce qui m'énerve, là, c'est la peur. C'est cette peur rampante et persévérante qui s'insinue en moi, et qui revient à chaque fois que je la chasse. Cette peur qui m'immobilise grâce à ses tentacules gluantes. J'ai envie de la cogner, celle-là aussi.
J'en finit par penser que je suis une incapable. Incapable de faire quoi que ce soit parce que incapable d'éloigner la peur, de l'ignorer ne serait-ce qu'un moment. Et puis, de toute façon, je suis un flemmarde. Et puis j'ai 18 ans, je ne connais rien du monde.
Mais ce qui m'énerve, justement, c'est d'avoir peur de ce monde. Parce qu'au bout d'un moment, c'est bien sympa de rester tranquillement cloîtré avec sa peur, mais il y a tellement plus intéressant à l'extérieur. L'ennui, c'est que je suis seule face à elle. Que je suis la seule à pouvoir décider. Et que pour l'instant, les victoires sont plus nombreuses pour elle que pour moi.
Je suis constamment à la recherche de sens. Et là, mon quotidien, c'est d'oublier que rien n'a de sens. Parce que les choses n'ont que le sens que l'on veut y mettre. Et il y a des moments où l'on a plus envie de donner de sens à quoi que ce soit.
Le gros problème, avec le fait de chercher un emploi, c'est qu'on est obligés de faire le point. De résumer : "En fait, qu'est-ce que je vaut ?" C'est exactement le mot : valoir. Et moi j'ai l'impression que je ne vaut rien. Enfin, si, 18 ans et un bac. C'est bien peu de chose. Et puis, vu que je ne sais pas me vendre, et que je déteste me mettre en avant, je suis mal partie. Mes lettres de motivation sont presque poétiques ; mais dans quelle utopie ai-je donc vécu jusque-là ?
On ne va pas vouloir de moi comme vendeuse de livre juste parce que j'aime les livres et les librairies, on s'en fiche de ce que j'aime, il faut mettre en avant ses capacités. C'est pas une lettre d'amour que je dois écrire, mais une lettre lèche-botte.
En étant cyniques, on pourrait dire qu'elles contiennent toutes les deux autant de mensonges.
La seule chose que je puisse en conclure, c'est que je suis, encore une fois, étrangère à ce monde. A cette société. Je ne connais pas les codes. Je ne sais pas comment ça fonctionne. Parce que je fonctionne différemment. Je n'ai pas la bonne logique. Je ne sais pas m'adapter. Je suis, à nouveau, coupable de ma différence. La cause, on s'en fout, parce que c'est les conséquences que je me prend dans la gueule tous les jours. Parce que c'est à moi de me torturer l'esprit pour rentrer dans le moule, pour comprendre ce qu'on attend de moi, comment ça fonctionne. Parce que moi, je ne fonctionne pas comme ça. Je ne fonctionne pas comme les autres.
Et, bordel, si vous saviez ce que j'en souffre. Parce que même si on trouve des gens différents, même si on se fait des amis, on sera toujours différents. C'est marqué sur nous comme au fer rouge. Et on ne sait même pas où. Et on est très loin d'en tirer une quelconque fierté. On se sent tâché, sali, marqué de façon indélébile.
Parce que, ce qui m'énerve, là, c'est la peur. C'est cette peur rampante et persévérante qui s'insinue en moi, et qui revient à chaque fois que je la chasse. Cette peur qui m'immobilise grâce à ses tentacules gluantes. J'ai envie de la cogner, celle-là aussi.
J'en finit par penser que je suis une incapable. Incapable de faire quoi que ce soit parce que incapable d'éloigner la peur, de l'ignorer ne serait-ce qu'un moment. Et puis, de toute façon, je suis un flemmarde. Et puis j'ai 18 ans, je ne connais rien du monde.
Mais ce qui m'énerve, justement, c'est d'avoir peur de ce monde. Parce qu'au bout d'un moment, c'est bien sympa de rester tranquillement cloîtré avec sa peur, mais il y a tellement plus intéressant à l'extérieur. L'ennui, c'est que je suis seule face à elle. Que je suis la seule à pouvoir décider. Et que pour l'instant, les victoires sont plus nombreuses pour elle que pour moi.
Je suis constamment à la recherche de sens. Et là, mon quotidien, c'est d'oublier que rien n'a de sens. Parce que les choses n'ont que le sens que l'on veut y mettre. Et il y a des moments où l'on a plus envie de donner de sens à quoi que ce soit.
Le gros problème, avec le fait de chercher un emploi, c'est qu'on est obligés de faire le point. De résumer : "En fait, qu'est-ce que je vaut ?" C'est exactement le mot : valoir. Et moi j'ai l'impression que je ne vaut rien. Enfin, si, 18 ans et un bac. C'est bien peu de chose. Et puis, vu que je ne sais pas me vendre, et que je déteste me mettre en avant, je suis mal partie. Mes lettres de motivation sont presque poétiques ; mais dans quelle utopie ai-je donc vécu jusque-là ?
On ne va pas vouloir de moi comme vendeuse de livre juste parce que j'aime les livres et les librairies, on s'en fiche de ce que j'aime, il faut mettre en avant ses capacités. C'est pas une lettre d'amour que je dois écrire, mais une lettre lèche-botte.
En étant cyniques, on pourrait dire qu'elles contiennent toutes les deux autant de mensonges.
La seule chose que je puisse en conclure, c'est que je suis, encore une fois, étrangère à ce monde. A cette société. Je ne connais pas les codes. Je ne sais pas comment ça fonctionne. Parce que je fonctionne différemment. Je n'ai pas la bonne logique. Je ne sais pas m'adapter. Je suis, à nouveau, coupable de ma différence. La cause, on s'en fout, parce que c'est les conséquences que je me prend dans la gueule tous les jours. Parce que c'est à moi de me torturer l'esprit pour rentrer dans le moule, pour comprendre ce qu'on attend de moi, comment ça fonctionne. Parce que moi, je ne fonctionne pas comme ça. Je ne fonctionne pas comme les autres.
Et, bordel, si vous saviez ce que j'en souffre. Parce que même si on trouve des gens différents, même si on se fait des amis, on sera toujours différents. C'est marqué sur nous comme au fer rouge. Et on ne sait même pas où. Et on est très loin d'en tirer une quelconque fierté. On se sent tâché, sali, marqué de façon indélébile.
jeudi 9 janvier 2014
J'ai mal, là.
- Ah bon ? Où ça ?
- Sur la poitrine, un peu à gauche.
- Mmmh.
- C'est un garçon qui m'a fait mal.
- Et comment a-t-il fait ?
- Et ben, il m'a dit qu'on grandirait ensemble. Il savait pas qu'il mentait, mais il mentait. Parce qu'en fait, lui, il voulait pas grandir. Il avait trop peur de grandir. Mais il voulait que je grandisse pour lui. Maintenant je suis trop grande, et lui il est toujours petit.
- Et ça te fait mal ?
- Oui, parce que du coup on peut plus rester ensemble. Ca fait trop mal. Et puis ça fait mal aussi quand on est pas ensemble. Encore plus.
- Mmmh. Je comprends. Alors tu ne sais pas trop quoi faire ?
- Non, je sais pas trop quoi faire.
- C'est pas grave. Tu trouveras. On a toujours le temps.
mardi 7 janvier 2014
Papa
Au début, quand tu est parti, c'était comme un trou noir. Tout était noir, tout était vide, plus rien n'avait de sens. Et puis, petit à petit, c'est devenu le contraire. Chaque chose est devenue une raison de continuer. Chaque sourire, chaque nuit, chaque brise, chaque être humain, chaque rencontre, chaque moment que tu ne verrais pas est devenu ma raison de vivre.
Je me suis fixé un but. J'ai oublié tout le reste et j'ai atteint mon but. Ca m'a occupée. Un an. J'ai avancé, j'ai fait la fière, j'ai tenu bon. Pendant un an. Et puis, après, quoi ?
Et bien, après, on essaye de faire pareil mais ça marche plus. On essaye de faire comme les autres et ça marche encore moins. On est perdu.
Je me suis rappelée, ou rendue compte, que je ne pouvais pas faire comme les autres, que je ne pouvais plus avancer la tête baissée en me fiant à "ce qui doit être fait" ou "ce qu'il faut faire". Tellement de personnes passent une bonne partie de leur vie (si ce n'est toute leur vie) à suivre ces diktats :
"il faut étudier"
"tu dois choisir un métier qui te plaît/qui te permette de vivre bien maintenant, à 17 ans"
"il faut que tu finisses les études dans lesquelles tu t'es engagé"
Mais moi, je ne peux pas. Je suis dans une quête désespérée de sens, et étudier sans but n'a aucun sens.
Alors, j'ai fait un choix. Et pendant que je faisait mon choix, une des choses les plus importantes pour moi, c'était toi. Qu'est-ce que tu penserais des différentes options ? Qu'est-ce que tu me dirais, qu'est-ce que tu me tairais ? Je sais que tu serais fier de ma décision. Que tu serais presque la seule personne à en être fier. Parce que tu n'aurais pas d'attentes. Parce que tu me dirais "vis ta vie".
T'es parti vivre dans une ferme en Bretagne à 21 ans, t'as été objecteur de conscience (ta grande fierté), alors franchement, arrêter son hypokhâgne et quitter Paris pour aller se trouver un boulot ça fait presque petite joueuse.
Tu sais, les gens qui n'ont perdu personne croient que quand un proche meurt on est triste un moment et puis après ça va mieux. Et qu'au final on oublie. Moi aussi, j'ai eu peur que ça se passe comme ça. Mais pas du tout. Le manque se transforme, il est moins poignant, mais il est presque plus présent.
Tu me manques parce que tu n'as pas été là quand j'ai eu mon bac, tu me manques parce que tu ne m'as pas vue atteindre la majorité, tu me manques parce que ça fait deux réveillons que tu n'es pas là, tu me manques parce que tu n'as jamais connu mon premier copain, ni mon deuxième copain. Tu me manques parce que t'aurais dit qu'ils étaient bien gentils mais bon. Tu me manques parce que si t'étais là, je vivrais avec toi. Parce qu'on formerait une famille entière, parce que j'aurais une vraie famille. Parce que j'aurais enfin un sentiment d'appartenance.
Tu sais, même avant ta mort j'étais bizarre. Différente, et flippante même pour certains. Je me sentais pas à ma place avec les gens de mon âge, et les plus vieux me rejetaient. Alors je m'enfermais en-dedans pour pas trop souffrir. Comme toi. On est deux gros nounours qui grognent. Et puis depuis, l'écart s'est creusé. J'ai grandi trop vite.
Je regarde, j'écoute des gens qui ont une dizaine d'années de plus que moi, et je les trouve tellement jeunes... Ca m'énerve. Je serais toujours l'animal étrange, dont ont se méfie. Parce que, attention ! je pourrais comprendre comment les gens fonctionnent, vu que je prends la peine de les observer.
Je suis paumée, tu sais. Je sais pas ce que je veux faire. J'ai l'air de faire des trucs, d'avancer, de vouloir m'en sortir, mais en fait je suis juste complètement paumée. Je construit ma petite cabane avec des bouts de bois et puis je l'appelle "projet", mais elle m'a pas l'air bien résistante. Mais c'est pas grave, je me dis. Ca sera sûrement comme ça toute ma vie, alors c'est pas grave. Il suffit de vouloir, je me dis.
"Ca va se passer bien" comme dirais l'une.
Et toi tu dirais : "Courage, confiance, en avant !".
Je t'aime, papa.
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